Sia Taylor

Sia Taylor est l'une des premières créatrices à avoir été présentées chez WHITEbIRD. Elle représente la poésie d'un bijou de créateur et la beauté de la main qui façonne, deux idées qui animent Stéphanie Roger depuis la création de la Maison en 2010. 

Formée à la sculpture, Sia Taylor vit en Angleterre où elle crée des bijoux légers et délicats avec une approche picturale, en puisant dans une palette de métaux précieux désormais caractéristique. Elle développe ses bijoux à l’aide de techniques anciennes très précises, dans un processus créatif presque méditatif au calme de la campagne du Somerset. À l'occasion du trunkshow "Golden Seed" en ce printemps 2024, nous lui avons posé quelques questions...

1. Pouvez-vous nous parler de vos origines et de votre parcours? Quel est votre lien avec la joaillerie ?
J'ai commencé à créer des bijoux pendant mes études de master en sculpture au Royal College of Art à Londres. J'avais déjà une licence en Beaux-Arts et bien que j'avais des choses à exprimer, ni la peinture ni la sculpture n'étaient adaptées pour moi. Ainsi, pendant que je travaillais sur la sculpture le jour, je suivais des cours du soir pour apprendre les techniques de base de la bijouterie – découpe, soudure, etc.

J'ai toujours été attirée par les petites choses précieuses. Créer des bijoux et travailler avec des métaux précieux me permet de transformer des sensations naturelles en structures tangibles – des œuvres d'art miniatures que l'on peut porter sur le corps.

2. Vous êtes une des premières créatrices à être présentée chez WHITEbIRD (bientôt 13 ans !), comment avez vous rencontré Stéphanie ?
Stéphanie a découvert mon travail dans un showroom qu'elle visitait dans les mois précédant l'ouverture de WHITEbIRD. Elle était là pour voir le travail d'un autre designer, mais est tombée sur le mien par hasard. Elle a alors commandé quelques pièces pour la boutique, et ce n'est que quelques mois plus tard que nous nous sommes rencontrées en personne, par une belle journée ensoleillée dans un petit café à Londres !

3. À quoi pensez-vous lorsque vous créez un bijou? Où puisez-vous votre inspiration ?
Lorsque j'ai commencé à fabriquer des bijoux, je pensais avoir une idée centrale de ce que pouvait être un beau bijou. Et ce n'était pas une idée conventionnelle de la bijouterie. C'était toujours une idée plus rêvée. Puis-je faire quelque chose comme ça ? Puis-je faire quelque chose comme ci ? Puis-je faire quelque chose comme une vague qui entoure votre poignet ? Plutôt que de me demander, comment puis-je sertir cette pierre ? Donc, c'est un processus différent.

L'inspiration peut venir d'une sensation comme le vent dans les feuilles ou la capture de la poussière ou cela peut être des mots – une phrase dans un livre ou des paroles dans une chanson qui deviennent le point de départ d'une collection. De petites idées magiques sur ce que serait porter un collier de pétales ou attraper un arc-en-ciel et le porter autour de votre cou.

4. Quel est votre processus de création ? Quelle est la première pièce que vous avez créée ?
Je dessine et j'écris ce que j'imagine. C'est souvent assez abstrait et il n'est pas toujours possible de réaliser exactement ce que je pense.

Je commence avec des ciseaux et du papier ou une fine feuille d'argent et je découpe et façonne de petites compositions. Je dessine les pièces de manière assez abstraite, en essayant de capturer l'essence de l'idée. Mon partenaire Neil, qui est artiste, m'aide souvent dans le processus en faisant de beaux dessins des choses que je décris avec des mots.

Mes premières pièces étaient de minuscules branches, graines et feuilles réalisées de la seule manière que je connaissais – en découpant, en pliant et en faisant fondre le fil en formes organiques miniatures. J'ai réalisé que les éléments les plus intéressants de ces pièces étaient les petits points ressemblant à des graines – et j'ai commencé à jouer essentiellement avec ceux-ci – limitant le langage à la taille des points, à la couleur des points, et à l'arrangement des points. Je fais encore cela maintenant, plus de 10 ans plus tard – les possibilités sont infinies !

5. Vos bijoux traduisent les sons de la nature et l'infiniment petit, qu'est-ce qui vous a donné envie de créer de telles œuvres ?
J'aime l'idée d'essayer de capturer des moments éphémères et de les transformer en quelque chose que l'on peut porter – des feuilles qui scintillent dans la lumière du matin, attraper des gouttes de pluie dans votre main. Je pense que ma formation en peinture et en sculpture plutôt qu'en bijouterie me permet de visualiser ces choses et de les fabriquer en or, en créant de minuscules œuvres d'art précieuses.
L'essentiel pour moi était que la pièce finie évoque une sensation, un sentiment presque indéfinissable, comme un air de déjà-vu ; je ne voulais pas d'une représentation littérale. Je désirais que le bijou procure cette impression, ce souvenir de quelque chose que vous devez déchiffrer par vous-même.

6. Êtes-vous attachée à un bijou en particulier?J'ai une petite collection de magnifiques pièces d'autres créateurs qui sont devenus des amis, ainsi qu'un collier Himba très spécial que mon mari m'a rapporté de ses voyages, ainsi que quelques bijoux que mon père m'a donnés.

7. Les métaux procurent des émotions. Qu’est-ce qui vous touche le plus dans l’emploi que vous en faites?
J'aime la couleur, donc j'ai initialement commencé par utiliser à la fois l'or jaune et l'or blanc dans mes créations, puis j'ai progressivement développé une palette simple de couleurs d'or qui est devenue une signature de mon travail. J'utilise les couleurs comme je le ferais en peinture, en jouant instinctivement avec les arrangements jusqu'à trouver un équilibre qui reflète l'ambiance de l'idée.
La lumière et le mouvement que l'on peut créer avec de simples feuilles d'or sont magiques.

8. Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été créatrice de bijoux ?
Je chanterais dans un groupe, écrirais des paroles de chansons. Je suis entourée de musique – mon fils et certains membres de ma famille, ainsi que beaucoup de mes amis, sont musiciens et chanteurs. J'aime observer et écouter comment les mots et les sons sont superposés pour créer quelque chose de si beau et émouvant. Dans mon travail, je pense souvent que créer une nouvelle collection est comme créer un album de musique – chaque pièce doit être distincte, avoir sa propre voix, mais s'harmoniser avec les autres, créer une histoire.Haut du formulaire

9. Quels sont vos artistes préférés?
Je suis attirée par l'art qui observe avec quiétude l'éphémère et le poétique. Je n'ai pas de préférence pour une époque ou un style particulier – juste pour l'âme, le temps et la contemplation silencieuse.
L'artiste Vija Celmins me touche avec ses dessins d'une précision incroyable, ses ciels nocturnes, et ses reproductions sculpturales parfaites de pierres qu'elle a ramassées. Le temps et la patience qu'elle y consacre sont extraordinaires.
Dans le domaine de la joaillerie, je suis fascinée par le travail de Jo Hayes Ward. J'aime son concept de travail avec de minuscules blocs de construction répétés à l'infini pour former des motifs, et la manière dont ses pièces capturent la lumière. Brooke Gregson est une autre créatrice dont j'admire le travail – les couleurs et les textures qu'elle utilise sont incroyables – de véritables œuvres d'art en or et en pierres précieuses.

10. Que diriez-vous à un jeune designer qui souhaite se lancer? Comment percevez-vous l’évolution du monde de la joaillerie ?
Il ne faut pas se laisser guider par la mode mais par le cœur – travailler avec ce qui vous inspire vraiment et créer votre propre langage visuel... Ne créez pas des choses que vous pouvez déjà trouver ailleurs – vous devez avoir votre propre voix unique.

11. Cela fait maintenant 15 ans que vous avez créé votre marque. 15 ans que nous célèbrerons avec vous le jour du printemps, à l’occasion du trunkshow « Golden Seeds » qui aura lieu dans notre boutique de Saint-Germain du 21 mars au 03 avril 2024. Que ressentez-vous lorsque vous regardez le chemin parcouru ? Quelles ont été les grandes étapes de développement de votre marque ?
Mon parcours a été lent et régulier – tant en termes de créativité qu'en termes de croissance de mon entreprise. Mes designs ont évolué naturellement, chaque collection en entraînant une autre. Un tout petit élément d'une collection peut devenir l'histoire principale de la suivante, ou parfois je trouve que l'histoire n'a pas été entièrement racontée, alors nous continuons à travailler sur les mêmes idées et à les développer davantage. Mon incursion dans la couleur a commencé avec ma première collection où je n'utilisais que de l'or jaune et blanc. Lorsque j'ai trouvé une petite raffinerie prête à me fabriquer de petites quantités d'ors de couleurs différentes, j'ai pu développer la palette d'ors arc-en-ciel qui est maintenant devenue une signature de mon travail. Cela a été un moment significatif qui m'a permis d'adopter une approche plus picturale de mon travail. À peu près à la même époque, j'ai également commencé à employer un orfèvre pour m'aider. Ses connaissances et compétences étaient bien supérieures aux miennes, permettant que les pièces finies soient beaucoup plus proches des idées que j'avais en tête, plutôt que d'être limitées par ce que je pouvais fabriquer de mes propres mains. Au fil des années, l'entreprise a grandi de manière organique, et j'ai eu la chance de travailler avec certaines des plus belles et meilleures boutiques du monde entier, y compris White Bird, l'une des premières à proposer mes bijoux.